vendredi 20 avril 2012

Made in China - Mars 2012

J'ai pu expérimenter. Déjà c'est la première fois qu'on m'accueille dans un bureau de douane en prenant ma température avec un petit laser pointé sur le front. Après que le type me fasse un "ok" très convaincu, j'avance et regarde le raffiot qui va nous acheminer dans notre croisière de luxe.

Grand périple passé par delà la mer de Chine. Un voyage exténuant de deux jours sur un raffiot qui nous avait accueilli par un pingouin en train de réparer le plafonnier à coups de poing. Les guirlandes rétro, le dortoir à même le sol, la bouffe dégueu, à peine les avions-nous quitté que la Chine nous accueillait à son tour dans un parking.

Sortie du parking qui sert d'arrivé au bateau, le décalage est rapide. Shanghai c'est encore moins beau que les villes japonaises, déja dénuées de charme, et les immeubles résidentiels en chantier forment l'horizon le plus courant. Sûr que le dynamisme de la ville impressionne, à peine un marécage 30 auparavant, elle ne cesse de grandir aujourd'hui et ça se sent. La Chine court partout, les Chinois eux courent après les affaires. Toujours en train d'affairer, de traficoter, de marchander, d'arnaquer, de bosser, ils regorgent d'ambition pour faire de l'argent.

La première sensation c'est la saleté, nous mêmes qui n'avions pu nous laver dans le bateau étions exemplaires, car les Japonais en font un drame. Et effectivement, voir les gens laver le riz dans des bassines sur un trottoir avec le tuyau d'arrosage coloré par la crasse, voir les vêtements en train de sécher suspendus à toutes sortes de câbles voir des fois sur des arbres n'importe où, c'est déroutant quand on sort du Japon. L'air est immonde, particulièrement à Pékin, d'ailleurs on peut rapidement s'en rendre compte en voyant les Chinois prendre de superbes aspirations contrôlés avant de relâcher le plus beau des glaviots, là encore n'importe où...

Si la liberté devait perdre un jour son sens, c'est ici. Elle y prédomine justement, on se sent libre tant qu'on a les moyens de la préserver (et nous petits blancs en avons les moyens !!), pour autant c'est une drôle d'anarchie qui règne. Les Chinois font tout et n'importe quoi, ce qui leur passe par la tête comme nous a dit notre ami qui vit ici. Imaginons l'anarchie désorganisée. Les voitures qui crament le rouge, les piétons qui marchent n'importe où, les taxis sans ceinture de sécurité, les coiffeurs à même la rue qui font asseoir leur client sur un siège de bureau, les fake, les flics qui n'arrêtent pas les chauffards, les mecs qui roulent sans casque sur des scooters réparés au scotch;  nous avons même été les témoins du désossement instantané d'un de ces scooters en plein milieu de la route... Première puissance économique du monde ? La Chine j'y ai vu une jungle surprenante.

Shanghai n'est pas une ville particulièrement intéressante. On y fait de l'argent, beaucoup à voir le standing des différents bars et restaurants. C'est la ville coupée en deux : les Chinois et les expats. Les premiers vivent dans la merde, les deuxièmes sont là pour l'argent et peuvent vivre entre le Bund (la balade qui fait face aux quartier d'affaires) et la place Renmin (où nous avons nous mêmes fumés une chicha à bas prix mais pour un standing inaccessible en France). Atmosphère clairement tournée vers le "faites ce que pouvez dans ce monde mais faîtes de l'argent" en somme, stupéfaits par les prix : manger très copieusement pour 10euros, prendre le métro pour 20 ct, acheter des chaussures à 9euros etc. Pour autant, la ville cache quelques temples (trop rare) mais réellement impressionnants quand ils ne sont pas parsemés de petits troubles propre au soin du détail chinois : câbles électriques qui sortent d'un plafond de bois, interrupteur dans une cour intérieure, borne de métro à l'entrée des musées etc. Le plus magique, car réelle découverte, est le temple confucianiste. Jardin géant tourné vers le philosophe, apaisant, où les arbres abritent de petits messages de vœux le tout dans la mélodie des oiseaux chantant.

La gare de Shanghai, immense, titanesque. Le train qui nous emmène à Pékin en 5h à 300km/h nous fait voir un petit bout de la campagne chinoise. Effrayant. Pollué tel que l'on ne voit pas l'horizon, villes fantômes, taudis en brique agglutinés surmontés par des bâtiments gris officiels dominés eux par le drapeau rouge.
D'ailleurs la couleur qui me revient en pensant à Pékin c'est le rouge.
Le rouge des murs des temples comme le rouge de Tian An Men. Les splendeurs de Pékin sont incomparables, temple du ciel, palais d'été, cité interdite, muraille de Chine. Les photos en diront plus que je ne peux en écrire.

Un pays où l'on ne peut se retrouver par hasard. Vivre auprès des Chinois peut parfois causer de petits troubles, pour autant l'atmosphère de jungle urbaine qui règne à Shanghai et Pékin m'a laissé un grand souvenir et j'y ai compris d'autant plus intensément l'originalité du Japon. Un épopée touristique inhabituelle de toute évidence.