jeudi 10 mai 2012

Tout recommencer - Hanami

Hanami, littéralement "regarder les fleurs" est cette semaine du début avril où l'on peut voir les cerisiers fleurir.
Les Japonais sont particulièrement sensibles à ce moment, même si d'autres n'y vont plus, et aiment ce réunir pour pique-niquer (avec du saké) sous ces arbres, témoins de leur hardeur depuis les Momijis d'automne. L'occasion de tous se retrouver, de se trouver du "courage" (ganbaru) en voyant les cerisiers fleurir  au moment de la rentrée (en avril pour les Japonais) est avant tout le symbole du printemps japonais.

C'est un de ces petits moments trop rares dans une année, ce qui ressemble à une simple sortie au parc en France est ici une institution et la foule dans tous les plus beaux coins (Arashiyama, château d'Osaka, Kyoto) en témoigne évidemment.
C'était donc un petit bout de culture vivante, un moment japonais, si japonais que d'imaginer des gens observer des fleurs : fragilité, contemplation et ivresse sont les clés de ce recommencement... permanent ?



vendredi 20 avril 2012

Made in China - Mars 2012

J'ai pu expérimenter. Déjà c'est la première fois qu'on m'accueille dans un bureau de douane en prenant ma température avec un petit laser pointé sur le front. Après que le type me fasse un "ok" très convaincu, j'avance et regarde le raffiot qui va nous acheminer dans notre croisière de luxe.

Grand périple passé par delà la mer de Chine. Un voyage exténuant de deux jours sur un raffiot qui nous avait accueilli par un pingouin en train de réparer le plafonnier à coups de poing. Les guirlandes rétro, le dortoir à même le sol, la bouffe dégueu, à peine les avions-nous quitté que la Chine nous accueillait à son tour dans un parking.

Sortie du parking qui sert d'arrivé au bateau, le décalage est rapide. Shanghai c'est encore moins beau que les villes japonaises, déja dénuées de charme, et les immeubles résidentiels en chantier forment l'horizon le plus courant. Sûr que le dynamisme de la ville impressionne, à peine un marécage 30 auparavant, elle ne cesse de grandir aujourd'hui et ça se sent. La Chine court partout, les Chinois eux courent après les affaires. Toujours en train d'affairer, de traficoter, de marchander, d'arnaquer, de bosser, ils regorgent d'ambition pour faire de l'argent.

La première sensation c'est la saleté, nous mêmes qui n'avions pu nous laver dans le bateau étions exemplaires, car les Japonais en font un drame. Et effectivement, voir les gens laver le riz dans des bassines sur un trottoir avec le tuyau d'arrosage coloré par la crasse, voir les vêtements en train de sécher suspendus à toutes sortes de câbles voir des fois sur des arbres n'importe où, c'est déroutant quand on sort du Japon. L'air est immonde, particulièrement à Pékin, d'ailleurs on peut rapidement s'en rendre compte en voyant les Chinois prendre de superbes aspirations contrôlés avant de relâcher le plus beau des glaviots, là encore n'importe où...

Si la liberté devait perdre un jour son sens, c'est ici. Elle y prédomine justement, on se sent libre tant qu'on a les moyens de la préserver (et nous petits blancs en avons les moyens !!), pour autant c'est une drôle d'anarchie qui règne. Les Chinois font tout et n'importe quoi, ce qui leur passe par la tête comme nous a dit notre ami qui vit ici. Imaginons l'anarchie désorganisée. Les voitures qui crament le rouge, les piétons qui marchent n'importe où, les taxis sans ceinture de sécurité, les coiffeurs à même la rue qui font asseoir leur client sur un siège de bureau, les fake, les flics qui n'arrêtent pas les chauffards, les mecs qui roulent sans casque sur des scooters réparés au scotch;  nous avons même été les témoins du désossement instantané d'un de ces scooters en plein milieu de la route... Première puissance économique du monde ? La Chine j'y ai vu une jungle surprenante.

Shanghai n'est pas une ville particulièrement intéressante. On y fait de l'argent, beaucoup à voir le standing des différents bars et restaurants. C'est la ville coupée en deux : les Chinois et les expats. Les premiers vivent dans la merde, les deuxièmes sont là pour l'argent et peuvent vivre entre le Bund (la balade qui fait face aux quartier d'affaires) et la place Renmin (où nous avons nous mêmes fumés une chicha à bas prix mais pour un standing inaccessible en France). Atmosphère clairement tournée vers le "faites ce que pouvez dans ce monde mais faîtes de l'argent" en somme, stupéfaits par les prix : manger très copieusement pour 10euros, prendre le métro pour 20 ct, acheter des chaussures à 9euros etc. Pour autant, la ville cache quelques temples (trop rare) mais réellement impressionnants quand ils ne sont pas parsemés de petits troubles propre au soin du détail chinois : câbles électriques qui sortent d'un plafond de bois, interrupteur dans une cour intérieure, borne de métro à l'entrée des musées etc. Le plus magique, car réelle découverte, est le temple confucianiste. Jardin géant tourné vers le philosophe, apaisant, où les arbres abritent de petits messages de vœux le tout dans la mélodie des oiseaux chantant.

La gare de Shanghai, immense, titanesque. Le train qui nous emmène à Pékin en 5h à 300km/h nous fait voir un petit bout de la campagne chinoise. Effrayant. Pollué tel que l'on ne voit pas l'horizon, villes fantômes, taudis en brique agglutinés surmontés par des bâtiments gris officiels dominés eux par le drapeau rouge.
D'ailleurs la couleur qui me revient en pensant à Pékin c'est le rouge.
Le rouge des murs des temples comme le rouge de Tian An Men. Les splendeurs de Pékin sont incomparables, temple du ciel, palais d'été, cité interdite, muraille de Chine. Les photos en diront plus que je ne peux en écrire.

Un pays où l'on ne peut se retrouver par hasard. Vivre auprès des Chinois peut parfois causer de petits troubles, pour autant l'atmosphère de jungle urbaine qui règne à Shanghai et Pékin m'a laissé un grand souvenir et j'y ai compris d'autant plus intensément l'originalité du Japon. Un épopée touristique inhabituelle de toute évidence.


lundi 12 mars 2012

Les Sumos ou la cérémonie du Rien

Le Japon est la contemplation du paradoxal. Ce qui est paranormal aux yeux du Français devient paradoxal quand je me transforme en observateur.
Les Japonais cultivent le goût, volontairement ou non, des paradoxes. Il vivent sous les ravages d'une nature difficile, depuis toujours faite de tsunamis, typhons, séismes, éruptions et se régalent des plus petites délicatesses des sens. Ils aiment la fragilité, la finesse, l'inodore, le blanc, le pur, le neutre. Ils créent les mangas, expriment leurs folies, rêvent de violence, conçoivent des robots pendant qu'ils raffolent des histoires d'amour à l'eau de rose, font passer la paix, la contemplation et la conciliation avant tout le reste. Comment les résumer ?

En ce onze mars la terre a tremblée. Elle a tremblée l'année dernière et cette année à l'occasion du tournoi de sumo d'Osaka auquel j'ai assisté. Les deux se sont encore rejoints lors du mokuto, la minute de silence.

Si le pays du paradoxe devait avoir un sport national, beaucoup moins populaire qu'avant c'est sûr, c'est le sumo.
Le sumo, basiquement, imaginez deux masses qui se rentrent dedans dans un affrontement qui ne dépassera jamais les 15 secondes. J'ai dit basiquement puisqu'on dénombre 70 techniques de prises, que le néophyte aura bien du mal à reconnaître.
Un combat se termine lorsque l'un des adversaires sort du cercle ou touche le sol avec autre chose que ses pieds... C'est l'éphémère, l'instant fragile et en même temps la violence des coups et du choc. L'aléatoire décide de tout, le fatalisme s'impose mais pas sans subir la lutte de l'entraînement, des règles, du sacrifice. Un sport à l'image de son pays en somme.

Même si les Japonais rechignent un peu à voir autant d'étrangers maintenant champions de leur sport, celui-ci n'en est en rien altéré. Les sumos, ou rikishi, sont toujours très considérés, c'est un choix de vie très strict, pour lequel on sacrifie tout. La beauté de ce sacrifice est un arrière-fond important pour les Japonais je pense, qui ont souvent respecté cette image.

J'ai dit un sport à l'image de son pays, c'est aussi le cas dans son origine : légendaire. La fondation du Japon est légendaire et aucun Japonais ne songerait à remettre brutalement en cause l'idée que l'Empereur descend d'une lignée divine qui remonte à la création mystique de l'archipel.
Takemikazuchi, une divinité, aurait remporté un combat de sumo et ainsi établit le règne des Japonais sur leur nouvelle terre. Le sport en lui même, au delà de la légende, est très ancien et remonte sûrement au 8ème siècle, dans lequel les combats servent de rituels pour les dieux.
On retrouve bien sûr ce côté frappant sur l'arène, le dohyo, qui est un sanctuaire shinto suspendu au dessus de la tête des combattants.

Les sumos sont divisés dans des séries de classement, dont le recensement ancestral (le banzuke) est un art de la calligraphie. Le numéro un des sumos est le Yokozuna, qui, même s'il perd un combat ne perd pas son titre. C'est à lui de savoir quand il doit renoncer à son titre, sous peine d'apparaître ridicule, un autre ressort du caractère Japonais de la responsabilisation et de l'auto-contrainte.

Le combat en lui-même n'est rien sans la cérémonie qui le précède. C'est donc cette cérémonie du Rien qui fait exister le combat comme un Tout. Presque inexistante dans les faibles niveaux de qualification, elle devient une part primordiale de l'affrontement au fur et à mesure que le niveau monte. Les compétitions se tiennent 6 fois par an et dure deux semaines. Chaque jour, un rikishi fait un combat, et la journée commence tôt le matin pour finir le soir avec le combat du Yokozuna. Les combats de la première division nous offrent le spectacle d'une cérémonie de préparation de plusieurs minutes. Les combattants se toisent, se lèvent, fléchissent, font des aller-retours, s'échauffent, le tout parfois sous les encouragements délirants de la foule qui hurle, applaudit, crie du "ganbare" (courage) à tout-va. Les sumos observent le rite shinto de purification et, lorsqu'il en ont le "pouvoir" (c'est-à-dire à haut niveau), purifie le ring en balançant des poignées de sel, une phase appelée le shiomaki. Une drôle d'ambiance qui mêle des témoignages de fair-play, des intimidations dans un duel psychologique que le livret de présentation évoque comme une "guerre froide" ! Cette étape décisive et très appréciée du combat autrefois d'une durée indéfinie, est aujourd'hui limitée par des règles.

Effectivement, chaque guerre a ses arbitres. Le combat des rikishi est arbitré par le gyoji, qui porte un chapeau noir ressemblant à la coiffe des prêtres shinto, et surveillé par cinq juges qui seuls peuvent décider de recommencer le combat en cas d'incertitude. Ces arbitres, aussi, suivent un classement et sont d'ailleurs presque autant important que les combattants. Avant le combat, le gyoji appelle le rikishi par un chant inimitable qui fait écho aux noms particuliers des combattants qui se doivent d'avoir des consonnances poétiques ; pendant le combat, il encourage les combattants en criant constamment quelque chose que je n'ai pas compris et à la fin il désigne offciellement le vainqueur en prononçant des paroles, une fois de plus mystérieuses.


J'ai essayé d'expliquer sans trop de détails techniques, dont je suis ignorant, ce sport. Une légende, reflet du Japon, mystérieux, dont le sens m'a souvent échappé. En voyant les Japonais fous, gueulant, applaudissant à des moments où le Rien atteint son apogée, j'ai été conquis. Même en y mettant du mien, c'est le paranormal qui l'emporte sur le paradoxal. C'est pourquoi j'aime les Japonais, dont les apparentes cérémonies ne révèlent rien d'une nature en apparence portée à aimer l'absence mais qui à sa manière comprend tout. Face à autant de certitudes, dans un pays apparemment clos et idyllique, où situer la fragilité ? Elle est de mon côté.
Si les Japonais aiment tant les apparences et les cérémonies, cette image n'est-elle pas elle même une apparence en même temps qu'une cérémonie de mystification, celle qui me laissera pour toujours ignorant rêveur ?


samedi 10 mars 2012

"Aujourd'hui, il faut être triste"

Ce  week-end, c'est mokutou (commémoration) du séisme du 11 mars. Le silence doit être observé par les Japonais, quelques fois pendant 5-10 min.
"Aujourd'hui on ne peut pas être content" me disait un petit garçon.
Suivi du 12 mars, le grand rassemblement contre le nucléaire. Après les larmes, c'est l'heure du "demo" (demonstration = manif).

samedi 3 mars 2012

Le jour qui vit naître les princesses

Aujourd'hui trois mars, 03-03, c'est le Hina Matsuri. La fête des petites filles. En écho de ce jour, il y a le cinq mai, 05-05, qui est le Kodomo no hi (fête des enfants). En réalité, la fête des petits garçons. Fête que j'aurai l'occasion de vous raconter le moment venu.

Chaque maison qui voit naître une fille respecte une vieille tradition en installant pendant une semaine le nanadan, "nana" pour sept, en gros un escalier de sept marches. Ces septs marches recouvertes d'un tapis rouge accueillent des rangées de poupées dont la composition représente le mariage de l'empereur et de l'impératrice. Hina-sama étant l'impératrice (qui peut aussi vouloir dire "princesse") placée tout en haut à côté du Tenno (empereur) dans sa tenue traditionnelle.

Les poupées sont mises chaque année sur le nanadan, qui se transmet de générations en générations, s'achète très rarement étant donnée sa très haute valeur. J'ai d'ailleurs eu de la chance d'avoir chez moi le plus impressionnant, la plupart des Japonais se contentant des deux poupées du couple Empereur et Impératrice. On mange le riz sushi, une fois de plus associé aux matsuri (fêtes) surveillé par toutes ces poupées, qui font peur aux petits enfants de par leur présence dominatrice.

L'impératrice veille donc sur la fille de la maison, la protégeant et lui offrant le spectacle de la grâce impériale. Oui les petites Japonaises seront toutes leur vie des princesses.
Une cendrillon qui se serait vendue elle-même l'enchantement, il faut impérativement ranger les poupées le soir du trois mars sinon la fille ne pourra pas se marier !






lundi 27 février 2012

Butsu à ciel ouvert - Kamakura

Butsu c'est bouddha en Japonais et c'est bien ce qu'on était venu voir !
Pendant le séjour à Tokyo, on s'est dit qu'une journée hors de ce monde de fou valait bien une petite remise à zéro. Ca faisait longtemps que je voulais le voir ce grand bouddha de mes yeux, vu cela est fait.

Ce merveilleux endroit, caché au milieu des montagnes, une fois que l'on a dépassé Yokohama, c'est-à-dire presque la civilisation (!) offre un surprenant regard. On tombe sur une petite ville de bord de mer, sensible aux tsunamis, pourtant tranquille et qui respire de ses nombreux temples.

Un petit îlot, une autre ancienne capitale du Japon, que j'ai trouvé particulièrement sensible et émouvant. Résistant de par le temps, fragile dans l'instant.


jeudi 16 février 2012

TOKYO

La voilà, la plus grande ville du monde. Arrivés à 5h30, en pleine nuit au milieu des tours qui clignotent.
En fait, c'est le monde dans le monde. Le nouveau monde n'est plus une ville mais une bulle atmosphérique. A l'image bien évidemment du Japon, Tokyo est bien sûr à part, comme coupée, retranchée sans tranchées. Chaque centre majeur de la ville abrite une ambiance, un monde, des jours sans nuits et des nuits qui se ressemblent comme le jour. Quatre jours dans cet univers parallèle et trois nuits dans une capsule.

Fourmillez dans les couloirs de Shinjuku, guettés par les observateurs du ciel. Shinjuku c'est déjà deux mondes séparés par un chemin de fer. Le côté Business, avec les grattes-ciel, la mairie, les costards qui se rendent d'un bureau à l'autre dans les grandes galeries couvertes, dans lesquelles s'entassent les affaires des sans abris, qui mènent à la gare, . L'autre c'est les Izakaya, restaurants, bars, magasins : des clôtures allumées qui brillent jour comme nuit.

Ce côté peut ressembler à d'autre folie de cette ville. Shibuya, qui alterne petites rues et grands axes de magasins, tours, couleurs. L’icône du starbucks qui domine un des plus affluent passage piétons au monde. On disait "fourmillez", Shibuya est plus ouverte, plus libre.
Parlant de folie, elle est parfois visible comme à Ikebokuro, où des masses de gens qui ne vont nul part s'amassent dans un petit coin d'avenue piétonne où crie les pachinkos. Constamment encombré, cher, que faire à Ikebokuro , peut-être comme le reste de Tokyo : regarder.

Asakusa c'est pagode et porte-clés. Une avenue piétonne, impressionnante à tout point de vue, enserrée par des petites boutiques de souvenirs : yukata, porte-clés, statuettes, katana etc. Celle-ci est enfermée entre une magnifique porte et un immense temple dont le rouge tranche avec le paysage alentours de buildings gris.

Harajuku c'est encore un monde coupé en deux mondes. On peut passer des Champs-Élysées locaux, une grande avenue de luxe à la petite rue encombrée où l'on s'est fait spécialité des t-shirt délirants. Une ambiance très agréable.
Toujours aussi surprenante, Harajuku est voisine du Meiji-Jingu, le sanctuaire qui honore l'esprit de l'Empereur Meiji, celui qui a ouvert le pays et l'occidentalisation avec. On rentre dans une forêt qui a effectivement force de sanctuaire, dès la grande porte que les gens franchissent en s'inclinant, la rangée de Saké (pour les dieux) qui fait face à celle de vins français (don au sanctuaire). Etrange endroit qui fait oublier le reste.


Roppongi est difficile à évaluer, pas mal de restaurants, la plaine qui donne vue sur la tour de Tokyo, le Hard-Rock café. Surement moins marrant le jour que la nuit.
Ginza, c'est New-York. De grandes avenues avec de larges trottoirs (chose très rare au Japon) où les grands noms s'enchaînent. Un quartier entouré d'autres petits coins cachés qu'on ne peut résumer.
Pour ce qui est des cachettes, le mieux reste Akihabara, ou Akiba, la Mecque des geeks. On y trouve tout ce qu'on veut dès qu'il y a une diode impliquée. Gameboys, super-nintendo, PS3, appareil photos, cables, PC etc. Un monde dédié à l'enfance mais traité avec sérieux tant par la qualité que l'abondance du matériel. Un des quartiers les plus originaux de Tokyo et de l'image Japonnaiserie qu'on s'en fait.





L'album photo -------->

dimanche 5 février 2012

Retour progressif sur le mois de Janvier

 En rentrant à Osaka, après mon nouvel an Tokyoite, j'ai découvert dans ma chambre le kagami mochi, qui est un gateau de riz (mochi) posé sur une feuille de fougère et surmonté d'une petite orange. Ce petit édifice était déposé dans toute la maison pendant la période du nouvel an. Ça m'a rappelé à quel point les Japonais vivent le nouvel an comme une ambiance, faisant écho à notre noël. Les commerces sont tous décorés, ainsi que les maisons et les magasins diffusent la musique qu'on entend traditionnellement au nouvel an...que je ne pourrai pas décrire.


 Le mois de Janvier, à part la petite semaine d'examens, c'était avant tout mes premières vacances.
Le nouvel an donc que je vais rapidement expliquer, une petite visite à Nipponbashi et Yodobashi Camera (le quartier électronique d'Osaka) et quelques jours intensifs à Tokyo avec mon compatriote.
Tout cela suivra donc.

La première chose qui marque à propos du nouvel an c'est "Osechi", autrement dit la "cuisine du nouvel an".  Difficile à décrire avec des mots, même en y regardant de près. Un assemblage de couleurs, de formes, de choses différentes. "La cuisine japonaise est avant tout quelque chose qui se regarde".
Avant le osechi, c'est-à-dire le soir du 31, on mange les soba (nouilles) et quelques sushis (ça dépend des familles). Les sobas c'est la forme pure de l'opposé de la cuisine en France, c'est fin (très), c'est inodore, sans couleurs, fait à partir de quasiment rien et ça n'existe pas sans la sauce dans laquelle on les trempe avant de bruyamment (par politesse) les manger. Ces nouilles signifient, si j'ai bien compris, qu'on a plus de problèmes avec ses dettes.
Une fois l'eau qui a servie à la cuisson des soba recueillie, on peut s'en servir avec le saké pour boire du Nigori, un alcool vraiment spécial donc.




 Pas vraiment délicieuse, un peu étrange avant tout, la cuisine osechi se déguste le matin du 1er Janvier avec un verre de saké. J'étais aussi surpris de voir que mes amis se couchaient assez tôt, bien alcoolisés, sans même attendre minuit.
Le matin du premier donc après avoir dit à tout le monde "akemashite omedeto gozaimasu, kotoshi mo yoroshiku onegaishimasu" qui est l'équivalent de notre "bonne année", on boit donc ensemble le saké après avoir trinqué comme des rois.







   Traditionnellement, le soir du 31 tout le monde va au temple le plus proche mais ce n'était pas mon cas.
Le nouvel an japonais étant l'équivalent de noël, il se passe en famille, les enfants y reçoivent leur argent de poche annuel  et l'on dépose un encens pour les ancêtres de la maison le matin du 1er.


Bref, le nouvel an est une fois encore l'occasion pour les Japonais de renvoyer l'illusion d'homogénéité habituelle, il y a une belle "ambiance oshogatsu" (nouvel an) que tout le monde semble vivre de la même manière.
Autre preuve que les Japonais ont des rites ensemble, coordonnés même, comme les nombreuses fêtes shinto ou simplement traditionnelles.
Récemment, le 3 Février, c'était le Setsubun qui marque le début du printemps. On y mange des haricots (mame) et chasse les démons de la maison en souhaitant la bonne chance pour cette année en disant "oni wa soto, fuku wa uchi". Les Japonais ont aussi banalisé leurs rites puisque pour cet exemple les démons sont joués par les enfants sur lesquels on doit jeter les haricots et que c'est un prétexte pour manger des sushis.

Le Grand Retour

J'entame bientôt le mois scolaire intensif que sera Février. Pas pressé de quitter les vacances même si règne un léger désoeuvrement. J'ai bien profité de mes deux voyages en Janvier que j'essaierai de raconter au mieux.

A quand l'illumination que me promet l'affiche de Dieu pour son école de langues ? Cette illumination linguistique viendra peut-être en affrontant le mois de Février, je n'espère que ça. Le temps est revenu de se retrousser les manches.