mercredi 23 novembre 2011

De quoi château est-il le synonyme ?

En marchant vers le château d'Osaka, on se dit qu'on va une nouvelle fois pouvoir admirer les vestiges du glorieux Japon, celui dont le monde connaissait à peine l'existence et que le Japon se gardait bien de regarder. La demeure d'Hideyoshi, un des trois unificateurs du pays, dont le château serait l'incarnation. Toute la légende des samuraïs, des pleine lune, des kimonos, des batailles épiques s'étaient éteintes dans les lueurs du jardin qui entourent le château, prêtes à être rallumées par une curiosité, une soif de découverte...
Quant à la sortie de la station de train, un bruit sourd se fait entendre. A peine arrivés, un spectacle étonnant s'offre à nous dans le grand parc. Dans une allée, deux groupes jouent leur musique simultanément l'un à côté de l'autre... Peut-être une autre preuve de l'irrationnalité japonaise. En tout cas, le bordel sonore est incroyable, l'ambiance très étrange (des filles en uniforme jaune dansent avec un vieux), puis une ronde et le tout dans le vacarme de deux groupes alors qu'un troisième s'apprête à les rejoindre sur le stand que je n'avais pas encore remarqué.

En évoluant paisiblement dans le parc, depuis lequel on est dominé par la tour principale du château, majestueuse tour or, verte et blanche. On a pourtant du mal à imaginer le grand Hideyoshi se balader, pour la simple raison que le parc est devenu un espace public impropable. Me rappelant étrangement les parcs publics que l'on trouve en France, ceux où l'on trouve toutes sortes de spectacles d'extérieur, avec magiciens ou jongleurs ; c'est mine de rien agréable (parce qu'on le sent) d'être dans un grand espace ouvert. Effectivement, il y a très peu d'endroits au Japon où l'on n'est pas pressé, serré, enfermé. D'ailleurs beaucoup de gens se retrouvent, notamment les familles qui emmènnent les gosses en sortie, eux bloqués devant les types qui font leurs spectacles. Entre le mec qui rentre dans son ballon géant, le jongleur qui discute, le marionettiste qui fait jouer une réplique de Ray Charles, il y a du choix. Et encore, je n'ai vu que le trajet pour aller au château.
Bien avant le château, une autre anomalie du paysage nous frappe. Trois rangées de fanfares, une en survet bleu, l'autre en pompon rouge et la dernière en fourrure blanche... En fait, situé juste à côté du château, un stade de...baseball. Oui cette terrible maladie qui ronge l'âme des Japonais aurait sûrement fait perdre son kimono à Hideyoshi (tout comme sa représentation dans le jeu Onimusha, pour les curieux). Drôle de façon de préserver le "patrimoine" culturel.

Autrement, le site est extraordinaire évidemment. Les hautes murailles qui jaillissent de larges douves sont impressionnantes et à peine pris un peu de hauteur, on domine tout le paysage d'Osaka avec les montagnes en fond. Le sommet de la tour nous offre le spectacle d'une ville énorme, en apparence désordonnée et fièrement verticale. La photo aérienne du château lui rend bien justice, au milieu de ce très beau parc (surtout en ce moment avec les arbres allant du jaune au rouge), un endroit pour respirer sous l'aura d'un vrai monument japonais. Au sommet de la tour du château, la vue est superbe, à l'intérieur on y trouve de belles illustrations (en plus de l'inévitable boutique) qui nous montrent Osaka au 19ème, un petit ensemble de baraquements, au milieu de l'eau, entrecoupés par une cinquantaine de petits ponts de bois. Evolution impressionnante.
Pour le reste, l'intérieur du château étant purement fonctionnel, on n'en retrouve aucun charme puisque tous les étages sont des expositions (seulement en japonais-anglais d'ailleurs, alors qu'on croise pas mal de Chinois) et des successions d'histoires sur le tragique destin de la famille Hideyoshi. Mouais, très peu d'éléments à tâter, quelques vidéos (involontairement) hallucinogènes de reconstitutions "historiques" et voila voila on a du mal à en retenir plus.

Finalement, en ressortant le soir, les lieux sont vraiments agréables. Dans ce grand parc, on sort un peu de l'environnement rapide et étroit d'Osaka pour pouvoir apprécier un peu ce qui fait aussi le charme de ce pays. Tout ça en contemplant la chaine de montagnes qui s'étend au fond dans la lueur rose-orange de coucher de soleil. Un paysage à couper le souffle même si toutes ces tours laissent songeur. A l'inverse des montagnes, on se demande si ce calme au milieu du désordre demeurera. Comment sera Osaka dans 20 ans ? Une ville qui a muté si vite, qui s'est déjà transformée en 20 ans...